La culture de fruits (abricots, pommes, poires) et de baies (groseilles notamment) est une source de revenus majeure pour les foyers ruraux de l’Oblast d’Issyk-Kul. Dans cette région, La production est écoulée localement, vers la capitale, ou exportée (Kazakhstan, Russie).

La capacité de stockage en froid des fruiticulteurs est une problématique identifiée et documentée par les acteurs du développement au Kyrgyzstan, et notamment par CAMP Alatoo, partenaire actuel de la Fondation PVSYST. Si des entrepôts privés existent, ceux-ci bénéficient majoritairement à leurs propriétaires et leurs proches, et sont loin de pouvoir couvrir tous les besoins du territoire.

En raison de ce déficit structurel permettant la conservation des fruits sur un plus long terme, les fruiticulteurs possèdent peu de marge de négociation avec les acheteurs en gros. Ceux-ci dictent les conditions (conditionnement, livraison et prix) et gèrent le marché.

CAMP Alatoo a ainsi priorisé cette thématique d’intervention dans sa stratégie pluriannuelle, convaincu de l’effet levier pour le développement économique des communautés rurales du pays.

En outre, cela permettrait de rééquilibrer la relation commerciale entre les petits producteurs et les acheteurs, le plus souvent d’importants traders qui ont les moyens de fixer les prix. Les fermiers disposant d’un espace de stockage pourraient étaler l’écoulement des produits sur plusieurs mois, et bénéficier de prix de rachat plus intéressant.

La fourniture d’énergie via une installation solaire constitue le principal aspect innovant de ce projet : en effet, le secteur photovoltaïque est encore très marginal au Kyrgyzstan en raison des coûts très modérés de l’énergie. A ce jour, une seule installation solaire avec injection au réseau existe au Kyrgyzstan, à l’Université technique de Bishkek, la capitale.

En revanche, ce prix a fortement augmenté dans les dernières années, en raison de la tension sur la ressource en eau (impact sur la production hydroélectrique) et d’importants coûts d’investissements infrastructurels à venir. Selon les projections du ministère de l’Énergie, cette tendance devrait se poursuivre, venant grever le budget des ménages et contraindre fortement les activités économiques.

Ainsi, en plus d’être pionnier dans le pays sur ce type de technologie et de réduire les coûts de fonctionnement de la structure, le projet permettra de promouvoir et modéliser l’utilisation des énergies renouvelables pour des activités productives.

Ces raisons ont amené le conseil de la Fondation PVSYST à valider le soutien à cette initiative.

Dans le courant de l’année 2024, le partenaire local, CAMP Alatoo a mené une étude préliminaire soutenue techniquement et financièrement par la Fondation, afin d’éclaircir un certain nombre de points :

• Identification du nombre de fruiticulteurs et des volumes de production
• Cartographie des espaces de stockage existants et de leur capacité dans le territoire cible
• Etude sur les prix (achat / vente) des produits et leur évolution au cours de l’année
• Comparatif technique et financier des technologies de construction (panneaux-sandwich, briques et isolation notamment)

Une mission de terrain, effectuée conjointement par le responsable technique et le gestionnaire de projets de la fondation PVSYST en 2024 a enrichi la recherche documentaire grâce à des échanges avec les communautés et les autorités d’une part.

Des entrepôts de stockage en froid existantes dans le pays ont été visitées, afin d’obtenir différentes informations sur la gestion technique, logistique et administrative de ce type d’infrastructure.

D’autre part, les enjeux techniques ont fait l’objet d’investigations poussées : recherche sur les réglementations liées au PV, tests du réseau électrique, identification de fournisseurs (systèmes de production de froid, matériel photovoltaïque), tests, étude des solutions technologiques pour la construction.

Ces différentes étapes ont permis d’identifier le village de Chon Jargylchak dans le district de Jeti-Oguz, qui présente des caractéristiques intéressantes pour le projet (nombre d’habitants, fruiticulteurs en majorité de petite taille). Cela a aussi permis d’identifier un terrain gouvernemental avec les caractéristiques permettant la construction d’une telle infrastructure. Des discussions ont été entamées avec le gouvernement local pour la signature d’un bail emphytéotique.

Le choix de s’orienter vers une coopérative villageoise a également été discuté avec les habitants du territoire, afin de favoriser l’appropriation du projet par le plus grand nombre, facteur essentiel de pérennité, et promouvoir une gestion transparente et partagée.

Enfin, la faisabilité d’une solution en photovoltaïque pour la fourniture énergétique a été confirmée, les modalités devant être précisées en détail ultérieurement, notamment pour l’injection du surplus au réseau électrique.

Une nouvelle mission de terrain en avril 2025 a permis de d’élaborer le plan d’action. Les entretiens avec CAMP Alatoo et les différentes communautés concernées ont conduit à séquencer la mise en œuvre du projet :

• Une première phase de 18 mois sera dédiée à l’animation communautaire, à la constitution de la coopérative (gouvernance, administration) ainsi qu’aux études économiques (étude de marché, plan d’affaires) et aux démarches administratives relatives à la construction et aux choix technologiques.
• En cas de résultats positifs, notamment sur le volet d’appropriation communautaire des objectifs et enjeux du modèle coopératif, une seconde phase verra la construction de l’infrastructure et sa mise en service. Celle-ci inclura un processus de désengagement progressif de 3 à 4 ans, destiné à former et accompagner les membres de la coopérative sur les différents aspects (techniques de stockage, gestion administrative et financière, commercialisation) pour en assurer la pérennité.

Le démarrage de ce nouveau projet est prévu dans le dernier trimestre 2025. CAMP Alatoo sera le partenaire local responsable de la mise en œuvre, avec l'appui technique et financier de la Fondation.